Envie de découvrir un petit coin de paradis aux multiples visages, bien connu de tous les Varois mais encore sauvage, si calme et cependant tumultueux, tellement méditerranéen mais avec des airs de bretagne par grand vent ?
Tout cela à moins de 30 minutes à pieds de votre location vacances d'Au Chant Des Cigalous ou 10 minutes en vélo .
Alors suivez moi jusqu'à la pointe du Brusc, depuis le village, en passant par la lagune, jusqu'à la presqu'île du Gaou...
Attention, fermé pour risque d'incendie en cas de vent fort depuis un début d'incendie fin juillet 2023...
Un peu d'histoire :
Je ne peux vous parler du Gaou sans évoquer la Lagune et le village du Brusc, les trois étant indissociables.
C'est au IIIè siècle que fut construit le comptoir de Tauroeïs (le Brusc) qui servait à alimenter les navires qui mouillaient dans la rade pour leur commerce entre Massilia (Marseille) et l'Italie.
Avant-guerre, les Bruscains évoquaient leur indépendance lors d'un conseil municipal de Six-Fours. Le village n'a pas eu gain de cause à l'époque compte tenu de l'absence de cimetière. Malgré l’inauguration de ce dernier à Courrens fin 19ème, la sécession ne fut plus envisagée mais le Brusc revendique toujours son authenticité et son indépendance !
C'est seulement à la fin de la Première Guerre mondiale que l'on commence à parler du Brusc avec un tourisme naissant, autour de l'hôtel de famille de la Brise des Pins ou du Grand Hôtel Beauséjour. A l'époque, le village est réputé pour son climat marin très iodé, bénéfique contre l'état de fatigue générale.
Lors du second conflit mondial, le Brusc fut occupé par les italiens puis les allemands avant d'être bombardé en juin 1944.
Après guerre, 48 patrons pêcheurs exercent mais l'activité décline progressivement et le Brusc devient petit à petit un lieu touristique avec ses 4 pêcheurs actuels !
En 1946, l'armée s’installe au Brusc avec le Centre d’Etudes de la Marine et son "laboratoire" d’acoustique sous-marine contre la détection des sous marins (Visible depuis le Gaou en direction de la pinède du Mont Salva). Près de 200 personnes y travaillaient jusque dans les années 2000. Propriété de l'état, les quelques 37 000 m2 du site, en allant vers le Mont Salva, sont à la vente...
Plusieurs centaines d'ouvriers travaillaient aussi à la Coudoulière, dans l'usine de tuileries Romain Boyer jusqu'en 1967. Il y fit même construire le port de la Coudoulière pour le transport des tuiles en 1901. Aujourd'hui il n'y a que de grands complexes touristiques et un vestige de ce passé avec la "maison de cygne" qui est toujours un centre culturel et paysagé important à Six-Fours.
En 1958, Paul Ricard (avec son célèbre pastis !), achète l’île des Embiez. Les salins qui avaient fait vivre pendant des siècles les locaux en transportant cet or blanc sur leur dos par la route du sel depuis les Embiez, le Gaou jusqu'au Brusc pour embarquement seront définitivement abandonnés. L'île va alors se transformer jusqu'en 1963 en un centre touristique doté de son propre port comme Paul Ricard avait pu le faire auparavant avec l'île de Bendor.
Ainsi, vous l'aurez compris, si le Brusc et ses environs préservent leur âme de village de pêcheurs typique, il s'est résolument tourné vers le tourisme au fil du temps et garde jalousement ses derniers endroits sauvages préservés avec la Lagune, classée Natura 2000, et le Gaou.
La Lagune :
Pour vous rendre au Gaou depuis votre location Au Chant Des Cigalous il vous suffira de descendre au village et de continuer dans le prolongement du port pour atteindre cette vaste étendue d'eau de plus de 500 hectares, protégée au sud par l'île du Gaou et à l'ouest par l'île des Embiez.
Avec moins d'un mètre de profondeur, cette lagune est doublement protégée par le conservatoire du littoral et classée site Natura 2000 depuis 2014. Elle abrite notamment des herbiers de posidonies. Ces derniers, appelés poumons de la méditerranée, contribuent à l'oxygénation de l'eau et servent de nurserie pour la reproduction de beaucoup d'espèces de poissons. A noter qu'il s'agit bien d'une plante aquatique et non d'une algue que l'on va pouvoir retrouver une fois morte sur le bord de la plage après un coup de vent, avec l'apparition d'une teinte brunâtre mais qui protège le sable de l'érosion.
Toute navigation à moteur, à pieds, ou ancrage y sont interdits.
Seuls sont tolérés les paddles et canoés pour préserver l' écosystème de ce petit paradis.
En longeant la lagune vous découvrirez quelques barques locales, les pointus, aux couleurs chatoyantes, des panneaux indicatifs de la faune et la flore locale mais aussi, en faisant bien attention, des piquets de l'ancien parc à moules des années 1940.
La presqu'île du Gaou :
Quelques centaines de mètre plus loin, vous atteindrez le Gaou.
Un petit parking payant très convoité est à disposition avant d'arriver mais il vaut mieux se garer sur le parking du port en cas d'utilisation de votre voiture !
Il s'agit d'un parc naturel ouvert de 8h00 à 20 h00 uniquement réservé aux piétons et vélos sur la première île.
Sur votre droite, vous trouverez le restaurant le Vénus du Gaou, très prisé en été pour sa vue imprenable sur la mer et ses burgers !
En traversant le pont, se dresse alors au loin une statue de pierre qui ouvre le chemin sur cette île dîte du Petit Gaou. C’est le scientifique Robert Forrer, physicien et sculpteur, qui la réalisa en 1961. On ne le devine pas, mais elle est posée sur un ancien blockhaus. Il a ainsi laissé un souvenir à sa ville adoptive du Brusc qu’il aimait tant et qu’il surnommait « Mon Paradis » en réalisant cette « Vénus sortant des flots ». Sa fille, en 2012, qui avait servi de modèle, décide de sauver l'œuvre et fait entreprendre des travaux pour stopper l'érosion du calcaire, sous l'effet conjoint des embruns, du sel et du vent.
Sur votre droite, le grand Gaou, seulement accessible par une passerelle piétonne dite du petit pas du coq, du même nom que la passe (laisser les vélos à droite du pont ).
Cette île mesure sur sa plus grande longueur 600 m, sur sa plus grande largeur 250 m avec beaucoup de recoins. Elle est située entre la lagune, au nord-est, où la côte est basse et régulière et le sud-ouest où la côte est surélevée, très découpée avec de nombreuses petites calanques.
Côté lagune du Brusc, se dévoile la baie de Six-Fours avec en toile de fond la chaine de montagnes : le Gros Cerveau, le Mont Caume, la colline de Six-Fours et son fort.
A l'opposé, au sud-ouest, c'est la mer à perte de vue et les vagues parfois déchainées qui viennent alors s'écraser sur "ce petit coin de Bretagne".
Au nord-ouest, une petite plage de sable plus abritée du vent qui donne sur le Grand Pas du Coq, ou détroit du Grand Gaou, séparant l'île de celle des Embiez et qui forme le début de la lagune.
A l'Est, depuis le Petit Gaou, on peut voir les falaises, la pointe de Gueirouard puis le massif du Cap Sicié culminant à 330 m avec ses antennes relais. En haut des falaises, dans la pinède, on devine les installations du GERDSM, fermées en 2000. (Groupe d'Etudes et de Recherches de Détection Sous-Marine) du Ministère de la défense.
Dans les années 60, cette passerelle n'existait pas et c'était un passeur, avec sa barque à fond plat, qui pouvait vous y amener, moyennant une petite contribution auprès d'un employé municipal.
Ainsi, pendant très longtemps, le petit Gaou a servi de parking alors qu'un camping était "crée" en 1960 sur le grand Gaou.
Jusqu'en 1984 plusieurs centaines de campeurs se disputaient les quelques douches et toilettes présentes et vivaient dans des tentes ou caravanes avant d'être tous expulsés en 1985.
Même le transport des caravanes n'avait rien d'écologique !
Après cet épisode désastreux de plus de 30 ans, l'ile du Grand Gaou s'est fait connaitre avec le festival du Gaou dans les années 90 et quelques grands noms comme James Brown, Santana ou le dernier concert en juillet 2014 avec Christophe Maé.
Suivront d'autres évènements jusqu'en 2023 avec notamment le pointu festival.
Depuis 1995, la municipalité commence la restauration et la préservation de ce site mais le début d'incendie de juillet 2023 sonne la fin des festivals. Il a fait prendre conscience de la fragilité de ce petit coin de paradis et un référendum proposé aux Six-Fournais a permis de faire stopper les festivals ou évènements pour que l'île retrouve son état "originel". L'esplanade, au centre de l'île, qui servait à des concerts, a ainsi déjà été replantée pour un retour du concert des cigales !
La balade :
Depuis le pont, vue imprenable sur un mini port naturel qui s'offre à vous avec quelques barques colorées de pêcheurs professionnels, leurs filets entreposés sur le quai et un vieux cabanon : Pose photos garantie dans ce lieu si pittoresque !
De l'autre côté, différents sentiers sont proposés pour faire le tour de la presqu'île.
Mon préféré reste celui le plus à gauche, sur cette partie de la côte déchiquetée qui donne sur le grand large.
Se succèdent alors de minuscules criques aux eaux turquoises avec parfois quelques mètres carrés galets pour se baigner, cachées par les pins et les rochers. Au loin l'île des Embiez et la tour de la marine.
Arrivé à l'autre extrémité de l'île, côté Ouest, une toute petite plage avec un peu de sable offre un magnifique panorama sur l'île des Embiez à quelques dizaines de mètres. En pente douce, peu profonde et abritée par grand vent, elle est très fréquentée en période estivale. Mieux vaut arriver vers 10h00 pour faire trempette ! On pourrait atteindre Les Embiez depuis cette plage car l'on a pied, mais l'abordage de cette île privée de Paul Ricard est interdit. Des "gardiens" sont d'ailleurs postés de l'autre côté pour vous en dissuader !
Des passages à gué, qui étaient très empruntés jusque dans les années 1960 sont encore visibles mais maintenant il faut payer le bateau pour traverser jusqu'aux Embiez depuis le port du Brusc !
Retour par la gauche, sous les pins maritimes et pins parasols. Sculptés par le vent, on les nomme pins anémomorphosés, avec leurs troncs tourmentés et façonnés par le mistral...
Une odeur de résine enivrante et le chant des cigales jusqu'à la fin juillet vous accompagne alors ...
Cette partie de l'île, donnant sur la lagune, est protégée par des barrières de bois et interdite à la baignade pour la faune et la flore. Ce sentier termine notre balade en moins d'une heure et nous ramène à la passerelle.
De retour au Brusc, prenez un petit verre pour vous remettre de vos émotions au Piadon, bar provençal toujours dans son jus prêt de la prud'homie des pêcheurs…
Déjà nostalgiques du Gaou ?
Pourquoi ne pas y revenir par grand vent voir les vagues se fracasser sur les rochers ou assister au coucher de soleil quand le ciel rougeoyant se teinte d'or ?
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